Et si on parlait de la conscience?
Comment définir la conscience? Humm, difficile de la décrire, de poser des mots qui seraient imprécis, qui ne pourraient pas englober la totalité de ce qui est appelé conscience.
Utiliser notre raisonnement et nos connaissances limités pour décrire quelque chose d’illimité… ce n’est pas possible! Enfin un principe qui échapperait à notre intellect?
Oui, et qui est plus vaste que tout ce qu’on pourrait imaginer. L’hindouisme décrit la conscience (aussi appelée le Soi) comme étant le principe qui préside à tout ce qui existe : c’est par sa présence que nous existons et que toute forme existe dans cet univers.
Nous sommes cette conscience infinie
Depuis notre corps, nous faisons l’expérience chaque jour et chaque nuit de cette conscience. Si elle n’était pas là, nous ne serions pas là non plus. Notre corps _qui d’ailleurs n’existerait pas mais bon imaginons pour l’exemple_ serait inanimé. Nous n’aurions pas la faculté de penser, d’agir car nos sens ne fonctionneraient pas. Nous ne pourrions ni voir, ni entendre, ni sentir, ni goûter, ni toucher, ni marcher, ni parler, ni manger. Il n’y aurait aucun moyen d’interagir, d’être en relation avec nous-même, les autres, la nature. Rien, nada, le néant total.
Il y a donc cette conscience qui est présente partout, en tout et à chaque instant.
Dans la vision du yoga, la nature de la conscience est ānanda : félicité, joie, béatitude
Pour le Vedānta, école philosophique qui décrit très précisément la nature de l’existence, la conscience (qui est partout) illumine le mental. Cette conscience, par sa nature, est félicité absolue.
De la même manière que le soleil offre ses rayons à la terre, la conscience va éclairer le mental qui lui est comme un miroir : il va venir refléter cette conscience. Ce reflet, ce sont les pensées, les émotions, les sensations, bref tout ce qui nous passe par la tête.
Quand la surface du miroir est nette, brillante, le mental réfléchit la joie, la félicité, la béatitude.
Quand la surface du miroir n’est pas nette, s'il y a des traces et de la poussière, que se passe-t-il à ton avis? Il apparaît des pensées dissonantes comme la crainte de manquer, de perdre, de ne pas être aimé.e, de ne pas être à la hauteur, de rester dans la souffrance, d’avoir besoin de toujours plus, de faire passer ses désirs en premier ou au contraire, etc.
Cela n’a rien à voir avec les émotions que l’on peut ressentir dans nos vies et qui sont naturelles, comme la tristesse, la colère, etc. La poussière ou les traces sur le miroir sont davantage liées à des comportements de dévalorisation, de peurs ou de renforcement de notre ego, qui sont éloignés de notre nature véritable, ānanda.
Si les impuretés du mental embuent la surface du miroir, le soleil ne pourra pas se refléter pleinement. Autrement dit, quand la surface du miroir est propre, sans poussière ni traces, le reflet sera net et fidèle à l’original, ānanda.
Le rôle des pratiques yogiques
Les āsana, les prānāyāma, les mudrā, les mantra ont notamment pour effet de rendre la surface du miroir lisse et clair :
Diminuer l’inertie et la lourdeur physique et mentale, amener de la clarté et un équilibre émotionnel. Quand on amène du mouvement dans le corps, on active rajas et on diminue tamas pour essayer d’atteindre sattva.
Goûter à la présence de la conscience comme entre deux respirations, dans le silence qui succède au OM ou dans l’observation des sensations quand on revient de la pose (āsana)
La connaissance
L’étude des textes fondateurs (jñāna yoga ou yoga de la connaissance) comme la Bhagavad Gita joue un grand rôle sur la voie yogique (je vous invite à étudier avec des personnes qui ont appris à transmettre ce savoir). Les thèmes sont intemporels : la nature de l’homme, de l’univers, de la conscience, la question de l’action, de la dévotion, etc.
La méditation
Une des techniques de méditation consiste à réfléchir sur un sujet précis. En se concentrant sur un thème étudié dans les textes ou dans un cours de yoga, l’intellect s’aiguise et nous pouvons approfondir notre réflexion. Cette approche, avec un peu de pratique, pourrait bien avoir des effets hors de notre coussin de méditation…et éclairer la surface du miroir.
Cet article a été écrit suite à l’étude du texte Drg-Drcya-Viveka qui prend la métaphore du miroir pour parler du Soi, de la conscience. C’est l’angle qui a été pris pour écrire ce texte.